Ce sont des petites phrases toutes faites, qui sont relativement stables, elles peuvent être rimées ou non, en « patois » ou en français. Elles ponctuent les contes populaires de voie orale, elles marquent souvent le commencement, la progression de l’histoire ainsi que ses péripéties et la fin de celle-ci, c’est un rituel d’introduction. On les utilise pour introduire le récit, c’est une sorte de porte que le conteur ouvre pour passer de l’autre côté afin d’accéder à l’univers du conte, par la suite il utilise le silence pour se préparer à narrer son histoire. Ça sert aussi à rythmer un récit, le conteur utilisera des formes ou des mots simples qui se répèteront afin de marquer un temps de repos ou de rêverie avant d’avancer dans l’histoire, il l’utilisera ensuite pour fermer la porte du récit. Celle-ci va rompre l’illusion et ramener l’auditeur à la réalité avec douceur.
Pourquoi utilisé des formulettes avant une histoire ?
On utilise les formulettes pour mettre les auditeurs de l’histoire en condition, elle crée une sorte de halo qui rejette ce qui se trouve autour de nous pour nous plonger dans l’histoire. Grâce à ces formulettes le conteur peut mettre en place la base de l’histoire avec son intonation. Il y a plusieurs types de formulette, la plus connue est « Il était une fois », certain utilise une petite formulette avant même de mettre en place la base de l’histoire, ils l’utilisent pour recentrer le groupe comme par exemple : « Faites silence, faites silence… car mon histoire commence… » puis rajoutent le « Il était une fois… ». Il y a des formulettes d’entrée dans l’histoire mais de sortie aussi afin que l’auditeur puissent revenir doucement à la réalité et non de manière brutale car nous aurons simplement fermé le livre.
Voici quelques exemples de formulette d’entrée :
« Il était une fois… »
« Au temps jadis… »
« Une fois il y avait, une fois il y aura… »
Voici quelques formulettes de début et de fin :
«Faite silence… faite silence…. Car mon histoire commence (…) C’est fini pour moi.»
« Faites silence, faites silence, c'est la queue du chat qui danse, quand le chat a dansé, quand le coq il a chanté, le silence est arrivé, mon histoire peut commencer.
(...) Je monte sur la queue d'une souris, elle fait tititi, et mon conte est fini. »
« Cric, crac, sabot, cuillère à pot, je sais un conte.
(...) Ni, ni, mon petit conte est fini. »
« Cric, crac, tu danses, sur la balance, tu t'envoles du pot de colle.
(...) Courou, courou, tu passes par le petit trou. »
Voici quelques formulettes de fin :
« Le conte est fini, je vais le replacer sous l'arbre où je l'ai trouvé et où quelqu'un viendra le reprendre. »
« Voici une souris, mon conte est fini. »
« Cric,crac, mon conte est dans le sac. »
Lien avec l’éveil aux langues :
- Afrique :
« Boukoulouki ki, boukoulouki ki, histoire en or, histoire en or. »
« Tarak-Turok, la pie au nid ! Voilà notre conte fini. »
- Grand-Nord :
« Imman'uk (il y a longtemps),(...). K'amahtuk (c'est fini). »
- Polynésie :
« Hawaiki, hawaiki, terre de nos ancêtres, hawaiki, terre d'abondance, comme un serpent tu te caches sous la surface du monde, comme une baleine tu nages sous la mer, tu n'es que le mot d'une légende, celle que nous allons écouter. »
Sources :
Les formulettes. (s. d.). théorie sur le conte. Consulté le 3 janvier 2022, à l’adresse http://feeclochette.chez.com/Theorie/formulettes.htm
Monzani, S. (2005). Pratique du conte : Revue de la littérature. Cairn. https://www.cairn.info/revue-la-psychiatrie-de-l-enfant-2005-2-page-593.htm
Universalis, E. (s. d.). FORMULETTES. Encyclopædia Universalis. Consulté le 3 janvier 2022, à l’adresse https://www.universalis.fr/encyclopedie/formulettes/1-leur-caractere-fonctionnel/